La chambre des officiers

samedi 16 juin 2012
par  jackie
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Adrien, jeune ingénieur génie civil, est mobilisé en 1914. Sa première mission consiste à faire un repérage de la Meuse pour y installer un pont flottant. Touché par un éclat d’obus, il se retrouve au Val de Grâce, défiguré, condamné à subir opérations sur opérations, à une époque où la chirurgie esthétique n’en n’est qu’à ses balbutiements. Il y restera 5 années, et lui- même athée convaincu nouera une amitié indéfectible avec un breton, noble et catholique fervent, Penanster, un aviateur juif, Weil, et une bourgeoise, Madeleine, tous trois défigurés comme lui.

Quand vient le moment de la sortie, presqu’un an après l’armistice ils doivent affronter le regard des autres. Tantôt traités en héros, tantôt en pestiférés, ils doivent tenter de reprendre une place dans la société, sans pour autant espérer accéder à une vie normale. Comment peut-on seulement trouver la force de vivre en abandonnant tout espoir de susciter l’amour ou le désir d’un partenaire ?

Leur persévérance, leur humilité, leur foi en eux-même, leur joie de vivre et leur auto-dérision, leur amitié aussi, leur permettront de traverser les décennies suivantes et même la seconde guerre mondiale.


Commentaires

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dimanche 24 juin 2012 à 23h24 - par  webmestre

En premier lieu, il me semble qu’il faut ajouter que ce livre rends très bien l’horreur qu’ont vécu ces hommes et ces femmes. Défigurés de la plus atroce des façons, mais toujours vivants, ils sont des revenants dont personne ne veux, à commencer par eux-même. Et pour le héros, il n’a même pas d’acte de bravoure à mettre en avant.

La guerre de 1914-1918 a broyé les hommes, morts, défigurés ou les poumons tellement atteints qu’il ne leur restait plus assez de souffle pour fumer. Dans un autre registre, Tardi raconte toutes ces horreurs de façon graphique, donc plus marquante. Mais le livre de M. Dugain, comme tu le dis, reste en mémoire, car il ajoute une note d’espoir à cette noirceur sans nom.

Une note d’espoir ténu, liée à l’envie de vivre totalement démesurée que ces 4 protagonistes ont développée, une envie basée sur l’entr’aide, la volonté de trouver un rôle, fut-ce celui d’appui pour les suivants. Ceux qui montrent qu’on peut survivre.

Et puis, il y a aussi un peu de féminisme, dans ce livre. Que ce soit celle qui partage leur souffrance, ou les autres, celles qui traversent la vie du personnage principal avec droiture.

En tout cas, je te rejoins, j’ai beaucoup aimé tant l’écriture que le contenu.

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vendredi 22 juin 2012 à 00h52 - par  jackie

Le lieu : une chambre d’officier comme seul décor pendant 5 ans. Les personnages : quelques officiers atteints de blessures graves au visage. L’histoire : leur quotidien, leurs introspections, leurs difficulté à communiquer aussi (sans bouche, difficile de parler, sans oreille, difficile d’entendre). Ce bouquin a tout d’un huis clos un peu étouffant, et pourtant...

En terminant le livre, l’histoire continue à résonner dans votre tête. En fait, ça parle de plein de thèmes et des valeurs qui ont construit cet idéal Français du 20ème Siècle : la laïcité, la République, l’universalisme, l’égalité (...des chances : l’ascenseur social fonctionne très bien à l’époque), l’émancipation des femmes (au travers des 2 personnages féminins principaux). Il est question aussi des pires maux de ce siècle que sont l’antisémitisme, l’intolérance.

Et c’est ce qui en fait un livre très réussi. Très court, une écriture très limpide, simple, agréable. Marc Dugain a bien mérité ses lettre de noblesses dès son premier ouvrage. Envie de voir le film.