L’affaire Sparsholt

mardi 14 avril 2020
par  Sylvain
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A son arrivée à Oxford, David, rameur au corps de dieu grec, a fait tourner bien des têtes. Surtout celles d’Evert, le fils de l’écrivain Dax, celui dont le patronyme pourrait remonter aux Normands. Quelques passions se nouent dans l’appartement de Freddie, mais David Sparsholt part à la guerre, puis il se marie et à reprend l’usine de famille.

Vingt an plus tard, David a un fils, et part de temps à autre faire du bateau avec un ami député et leurs fils. L’atmosphère très masculine de la carrée est propice aux quiproquo, et aux émois équivoques.

Et puis le fils a grandi. Son père a été meurtri lorsque ses orgies homosexuelles, en compagnie de son ami député et d’hommes payés pour l’occasion, ont été révélées. Le fils se construit loin de tout cela et assume, lui, ses pulsions homosexuelles.

In fine, père et fils n’auront jamais l’occasion d’affronter en commun ces pulsions qu’ils ont en commun, l’un les fuyant, l’autre les assumant à tel point qu’à la mort de son compagnon, celui-ci, le fils, re-découvre les joies des sorties en boite et de l’amour libre.


Commentaires

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samedi 23 mai 2020 à 14h50 - par  Sylvain

Là, on sent l’opus ciselé. L’auteur à sorti sa gouge à mots, sa râpe à grammaire, celle qui suggère des subjonctifs et autres passés antérieurs. Et donc le résultat a au moins l’apparence de la Littérature.

Pourquoi l’apparence, direz vous ?

Et bien parce qu’il s’agit finalement d’une thèse assez courue sur l’évolution de la perception de l’homosexualité.

Réservée aux "classes supérieurs" avant les année 40, la deuxième guerre permet un peu de brassage social. Mais l’homosexualité reste un sujet tabou et accepté dans la "haute", tabou et rejeté dans le reste de la population. En découle "l’affaire Sparsholt", découverte des pratiques "contre nature" de deux bourgeois, entrainant leur mise à l’écart de la bonne société.

Puis vinrent les années ou il était possible et connu, mais prohibé et mal vu, d’aller toucher des sexes dans les pissotières, puis une sorte d’âge d’or de libération et de pratique acceptée mais réservée aux sachants, pour enfin devenir le refuge à des adulescents en mal d’occuper leur existence futile et vide.

Toute l’Angleterre résumée en un seul opus, un conservatisme effréné, n’autorisant les différences qu’aux élus de naissance, le bon peuple étant prié de se satisfaire de la luxure vulgaire qu’on pouvait trouver dans les pubs, puis le constat amer que c’était mieux avant, avant l’Europe, avant la libération des moeurs, avant on ne sait quoi, mais avant, quand le soleil ne se couchait jamais sur l’empire, probablement.

Je suis probablement un peu sévère dans cette critique, car d’autres lectures plus optimistes sont probablement possibles de cet opus, mais pour ma part, j’y ai vraiment vu cette illustration de la perfide Albion, politesse de façade cachant des pensées retorses, le tout sous un vernis de fantaisie.

Mais c’est assez bien écrit. Essayez, vous me direz.

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