Corpus delicti. Un procès

samedi 9 octobre 2010
par  Sylvain
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En 2057, l’ordre et la propreté règnent partout. Dans les rues, dans les maisons, dans les têtes et dans les corps. Car la santé n’est plus une possibilité, c’est une obligation. Une morale. Et la Méthode, avec son arsenal pédagogique et répressif, et sa puissance de communication, est là pour le rappeler. A tout le monde, et tout le temps.

Aussi, quand son frère Moritz meurt en prison, accusé de viol, alors qu’elle perçoit Moritz comme un doux réveur assoiffé d’amour, Mia doute. Au point de devenir elle-même l’objet de l’attention et des procédures judiciaires de la Méthode...


Commentaires

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samedi 16 octobre 2010 à 13h40 - par  Sylvain

Je suis tout à fait d’accord avec ton analyse. L’auteure, sans le dire, fait un parallèle entre l’embrigadement dans un système totalitaire (en l’occurrence, le nazisme), et le jusqu’au boutisme du système social : grosso-modo "y a t-il une différence entre être critiqué/banni/tué parce qu’on est Juif et être critiqué/banni/tué parce qu’on est fumeur.

Au premier abord, la question est gonflée. Puis, finalement, remplace "fumeur" par "Sidaïque", et tu auras une jolie phrase de notre Jean-Marie national, qui pue effectivement le nazisme à plein nez.

Cette vision de l’évolution de la société vers un absolu eugénique (arien, santé) reste un totalitarisme, pétri de bons sentiments (les 100 familles, c’est pour votre bien).

Donc ce que dit Mme Zeh n’a rien d’idiot du tout, bien au contraire. Mais l’ensemble fait brouillon.

Et la raison que tu avances, "l’embrigadement dans une gestion autorisée du souvenir" est probablement la bonne. C’est intéressant, merci Jackie.

Bises

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mercredi 13 octobre 2010 à 22h15 - par  jackie

Le thème de la santé publique est vaste et tellement d’actualité, surtout quand on cherche des économies : les pouvoirs publics peuvent être tentés de chercher l’argent dans les poches des "fautifs", (amoureux du péché de chaire, et d’autres substances, repentez-vous !) au risque d’en arriver à des extrémités pareilles, ce n’est pas complètement de la science fiction.

Mais, comme tu le dis, ce n’est pas ce que dénonce le livre.

Est-ce que le sujet non avoué ne serait pas "les allemands et leur mémoire". Ayant eu quelques ami(e)s allemand(e)s, j’étais frappé de leur apparente facilité à aborder leur passé nazi. Mais j’avais l’impression d’un discours formaté, appris à l’école depuis tout petit : "nous assumons notre passé, nous ne nions pas la responsabilité de notre peuple et oui nous avons su en tirer les leçons, nous savons plus que tout autre qu’il faut être vigilent..". Une sorte de propagande d’idées politiquement correctes, mais propagande quand même.

Ca explique peut-être que l’auteure (allemande) n’ose pas exprimer clairement ce qu’elle cherche à dénoncer. Parce qu’on lui a enfoncé ça dans le crâne depuis toute petite, mais inconsciemment elle n’est pas à l’aise avec ce sujet. Juste une hypothèse...

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mardi 12 octobre 2010 à 22h17 - par  Sylvain

La première lecture de l’opus, telle par exemple que définie en quatrième de couverture, est la dénonciation de la société de la Santé Imposée, qui se répands dans toute l’Europe.

On peut quand même rétorquer que c’est un problème de riches, que les Africains aimeraient bien partager, et qu’après tout, on peut aisément imaginer un système social ou ceux qui souhaitent se détruire à coup de cigarette (j’en parle aisément, j’ai fumé), de gras, de sucre... pourraient le faire tant qu’ils le souhaitent à condition qu’ils en assument le coût moyen (bonjour le hamburger à 10€, pire qu’un paquet de clopes). Ou d’autres solutions plus radicales.

Mais là, ce qui semble dénoncé, c’est que cette Santé soit d’une part Imposée, d’autre part que cette imposition ne soit pas remise en cause.

Et dès lors, il y a comme un problème de message. Car il m’a semblé que l’auteur parlait en fait d’une autre dérive passée de la société Allemande, qui avait cherché à extirper de son sein une "maladie" se transmettant dans les synagogues. Sans le dire.

Mais avec une description des mécanismes sociaux à l’œuvre digne du livre "La mort est mon métier" (excellent, par ailleurs). La Méthode prévoir communication, dénonciation, dans les cas graves, tortures et autres actes d’exception... On se croirait dans un autre temps.

Mais cela n’est pas assumé. Et c’est dommage, il me semble. Même si cela semble aujourd’hui un peu dépassé, les films "avoir 20 ans dans les Aures", "Indigènes"... sont des nécessaires catharsis d’un passé que nous préférons tous laisser sous le tapis.

Et c’est cela qui est brouillon. On dirait une critique qui aimerait crier, mais qui n’ose pas, alors qui parle d’autres choses, sans en avoir l’air...

Ça rends l’ensemble lourd. Dommage.

Et puis, il faut dire aussi que j’ai parfois du mal avec l’organisation de la réflexion de nos amis Allemands. Dans un autre style, Andreas Eschbach écrit de très bons livres, mais totalement différents de ses homologues américains, anglais, ou français. Plus "premier degré". Je suis donc peut être passé à côté de Mme Zeh.

Et vous, vous en pensez quoi ?

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