Pas pleurer
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Quand elle avait 15 ans, Montse a vécu l’été de sa vie.
C’était 1936, elle devait se faire embaucher comme bonne chez don Jaime, mais celui-ci a dit d’elle qu’elle avait l’air modeste. Et cela ne lui a pas plu.
Comme José, parti travailler à Lérima comme tous les étés, était revenu avec des idées nouvelles plein la tête, des idées d’égalité, de fraternité entre les hommes et les riches, des idées d’émancipation des hommes, d’instruction pour tous, des idées de révolution.
Et parce que c’était l’été de tous les possibles, un gouvernement essayant de mettre en oeuvre des idées socialistes, et partout des fleurs libertaires ou communistes.
Alors Montse est partie en ville, avec José et Juan, découvrir la révolution et ceux qui la font, les étrangers aux accents si doux venus s’engager pour défendre la liberté du peuple Espagnol contre sa propre armée, celle commandée par le colonel Franco, qui, aidée de quelques hommes de main, faisait régner la terreur dans certaines parties de l’Espagne. Au point que Bernanos, pourtant indéfectible soutien de l’ordre en Espagne, se met à changer de point de vue, à partir en France, et écrire des textes si beaux sur les massacres de l’épuration franquiste.
Montse a rencontré André, ils se sont aimé une nuit. Il est parti faire la guerre, elle ne l’a plus jamais revu. Elle a gardé un souvenir de lui, un enfant. Dans son ventre.
Alors elle est revenue au village, avec José qui lui aussi avait changé d’avis sur la liberté qu’on lui proposait et les massacres qui allaient avec. Les massacres des curés et autres curetons par les libertaires, les massacres des libertaires par les communistes.
Au village, c’est Diego, le fils de don Jaime, qui est devenu le chef. Lui est communiste, probablement pour ennuyer son père. Mais il est toujours amoureux de Montse. Alors il l’épouse, et sera le père de cette fillette.
Et puis ce sera le règne de Franco, et le départ vers la France. La vie de Montse aura duré un été.
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