Le coeur est un noyau candide

samedi 12 février 2011
par  Sylvain
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Dans les secondes qui suivent la première explosion nucléaire américaine, à Los Alamos, Robert Oppenheimer et deux de ses collègues scientifiques, Enrico Fermi et Leo Szilard, se retrouvent catapultés en 2003, aux USA.

Après quelques jours passés à errer et à comprendre ce qu’il leur arrive, ils se retrouvent, puis cherchent un refuge qu’ils trouvent chez Ann et Ben, jeune couple un peu idéaliste. Leur première réaction est d’essayer de comprendre le monde dans lequel ils vivent, et les relations entre ce monde, et celui qu’ils ont laissé, en disparaissant des années 40.

La découverte de l’avenir qu’ils ont légué à l’humanité transforme ces trois scientifiques, horrifiés par la dégénérescence de cette société Américaine, uniquement tournée vers un consumérisme sans éthique et animé par un esprit belliciste considérant les bombes comme des moyens de pouvoir, auxquels il faut tout sacrifier, y compris ses propres citoyens.

Une visite au Japon, meurtri par la Bombe qu’ils ont mis au point, renforce leur conviction qu’il est nécessaire de changer cette société, pour l’orienter vers un idéal de paix et de savoir.

Leur statut de miraculé leur permet de lancer une campagne de communication visant à organiser une gigantesque marche vers Washington. Mais plusieurs communautés sont à l’affut de telles aubaines, surtout les sectes religieuses voyant dans Oppenheimer la parfaite figure d’un Messie à adorer.

Le message de paix et de savoir est vite transformé en message de dévotion, ridicule, porté par une secte de chrétiens armés, prêts à tout et surtout à la violence pour imposer leurs idées. C’est plus qu’en peuvent supporter ces scientifiques, à qui il ne reste plus qu’une solution, disparaître en laissant le monde s’engluer dans son avenir impossible.

J’ai lu ce livre grâce à Blog-o-book. Merci à eux.


Commentaires

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lundi 21 février 2011 à 22h10 - par  Sylvain

Pour ce qui est de la politique, tu verrais comment un face à face MAM / Marine, au deuxième tour... Je partage l’ambition de politiques plus respectueuses de l’avenir, mais malheureusement, c’est un sujet pour lequel, dans l’erreur, les deux sexes se valent.

Et pour le livre, ce n’était pas sexiste, mon propos (enfin, ce que j’essayais de dire). Irving et Harrison sont dans une vie de rêve Américain, de grands espaces, de retour à la nature (Harrison) ou de vie sociale intégrée, juste légèrement décalée (Irving). Mais pour les deux, on reste dans l’admiration d’un modèle de vie Américain, libre, responsable de ses actes.

Les deux femmes en donnent les limites. Responsable de ses actes, tant que les victimes peuvent se plaindre. Et tant qu’il existe une justice que la société peut assumer (comprendre, voir).

Et c’est amusant, cette opposition entre les deux Amériques, un peu comme ce qui avait opposé le couple Présidentiel, vers les années Lewinsky. On peut tout (y compris éjaculer dans la bouche d’une stagiaire), puisque la populace va l’accepter (et re-élire le sucé).

Si les US sont l’avenir de l’Europe, c’est que l’idiotie ambiante va encore augmenter. Et ça, quand même, c’est triste.

Bises

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lundi 14 février 2011 à 22h50 - par  jackie

Difficile de ne pas faire une réponse sexiste à une question pareille. Du genre les femmes ne voient pas le présent tel qu’il est mais avec la perspective de l’avenir, pour leurs enfants. Alors que les hommes vivent plus dans l’instant présent, pour eux-même. J’avais dit que ç’allait être une réponse sexiste. Non franchement je ne sais pas. Et il faut se garder de bâtir une théorie à partir de quelques exemples. Tout comme je ne sais pas pourquoi les Français sont à la fois des champions du pessimisme et ont le meilleur taux de natalité d’Europe.

Il n’empêche que j’aimerais voir plus de femmes en politiques, mais des vraies, qui se comportent en tant que femme et non comme des hommes comme c’est souvent le cas. Qui sait ce que ça donnerait ? Des politiques bâties sur le long terme, pour les générations à venir, et non pour la prochaine présidentielle.

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samedi 12 février 2011 à 19h32 - par  Sylvain

D’abord, il y a l’histoire de ces scientifiques, brutalement transportés des années 40, le faite de leur gloire, vers ces années 2000, affolantes de violence et de pauvreté intellectuelle. Années dans lesquelles les conséquences de leurs inventions sont partout, tapies et prêtes à servir pour les plus grosses des bombes, restes de pollutions pour celles qui ont servi, tant au Japon que lors des essais.

Et plus que tout, l’auteur nous montre comment ces armes ont transformé le cœur des hommes : personne n’a résisté à l’envie de dominer une telle puissance. Les essais ont été réalisés, au mépris de vies humaines, des développements de "bombes propres" ont été envisagés et menés à bien, rendant possible l’utilisation du feu nucléaire. Tout cela illustre que la morale et l’éthique ont perdu, que seule la volonté de puissance et de domination du lobby militaire dirige le monde, cachée derrière des masques de la défense des citoyens. Avec des autres mots, on entend aussi Guantánamo, Irak...

A cela, Lydia Millet ajoute la description et l’explication de l’impossibilité à modifier le monde, pour en faire un endroit meilleur. La description de la façon dont l’initiative de paix et d’intelligence des scientifiques est récupérée par les mouvements religieux, sous le regard imbécile des média préférant relater des émotions que des idées, trop complexes à expliquer, est un réel plaisir. Un plaisir qui fait peur, tout de même, tellement il est vrai et percutant, tellement il correspond exactement à ce que nous vivons.

Et d’un petit scénario de SF, banal, Mme Millet fait en fait un opus qui crie sa détresse et sa colère devant la marche du monde. L’impossibilité qu’elle constate, pour une "honnête femme", au sens des "honnêtes hommes" du temps des lumières, à changer ou orienter le monde. Qu’il n’est plus possible de brandir l’étendard de la connaissance, et qu’il est même question, pour une femme (la Ann du livre, qui m’a semblé être l’auteur) de ne plus procréer, par peur de l’avenir. C’est fort, c’est bien écrit, et c’est à lire.

D’autant plus que cela questionne fortement sur les auteurs femme américaine. Autant cette auteur que L. Kasischke ont des visions pessimistes de l’avenir de leur pays, de la morale de la société dans laquelle elles vivent. Illustrée de façon très différentes, certes, la société américaine, pour ces deux auteurs, est en totale déshérence, sans avenir.

La différence avec ce qu’écrivent ces femmes et quelques auteurs hommes, comme J. Irving, ou Jim Harrison, tous deux chantres d’une douceur de vivre à l’Américaine, est une réelle surprise. Quelqu’un sait pourquoi ?

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