Les mains rouges

samedi 24 juillet 2010
par  Sylvain
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Elle arrivait de Hambourg, visiblement un peu perdue, et m’avait demandé, au guichet, l’adresse d’un hôtel. Et surtout, demandé comme un énorme service que je garde quelques jours la clé d’un casier de consigne. Quelques jours après, elle était revenue, et je l’avais hébergée. Puis elle avait disparu. Et dans le casier de consigne, il y avait un sac, plein de billets allemands. Une très grosse somme.

Quinze ans plus tard, je l’ai revue, avec un homme, tranquillement en train de faire ses courses. J’ai repris contact, discrètement. Et nous nous sommes revus. Elle m’a expliqué.

Une jeunesse pauvre et sans perspectives, un été à Hambourg, comme fille au pair. Et sur la fin, une rencontre inopinée, une aventure. De fil en aiguille, elle s’est retrouvée à attendre deux amis, seule au volant d’une voiture blanche, dans une clairière. Ils sont arrivés, armés, et les trois sont partis... Dans un village, pas loin, il y avait eu un mort dans un braquage. Allemagne, années 70, crimes politiques.

Nos entrevues se sont espacées, jusqu’à cet période récente ou a eu lieu en Allemagne le procès d’anciens terroristes, extradés de Syrie depuis peu. Et où il fallait aller, un peu comme vers un chemin de rédemption.


Commentaires

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jeudi 12 août 2010 à 23h09 - par  Sylvain

L’histoire est assez banale, mais le style est suffisamment agréable pour que le livre soit facile à lire, comme quelque chose qui coule tout seul.

Et plus que l’histoire, ce qui est d’abord amusant, c’est le côté intimiste, presque voyeur. On suit l’itinéraire intérieur de cette femme, à travers le prisme de cet homme. L’évolution de cette femme, depuis son adolescence un peu rebelle, jusqu’à son statut de femme bien installée dans une vie confortable.

Et à partir de là se crée une illustration. Cette femme a participé aux atrocité commises par des terroristes européens. Indirectement, presque "à l’insu de son plein gré", mais de façon indéniable.

Et cela pose trois questions principales.

D’abord, celle de la culpabilité. La sienne est réelle et pèse sur cette femme. Mais elle, c’est nous. A 20 ans, une jolie femme rencontrée par hasard m’aurait séduit, elle aurait probablement obtenue que je lui rende ce type de service. Plus généralement, faisant peu pour les autres, nous sommes tous un peu "coupables" de ces terrorismes...

Ensuite, celle des motivations des terroristes. Cette jeune femme pauvre du Danemark découvre la richesse d’une famille Allemande. Chez elle, cela n’éveille pas de violence. Mais cela pourrait, et il en faut peu pour qu’elle ne décide d’aider les "vrais" terroristes. Alors effectivement, quand on compare le niveau de vie d’un Palestinien à celui d’un Européen...

Et enfin, plus généralement que la question précédente, JC Grondahl interpelle sur le sens qu’il faut donner à sa vie. Cette femme, après cet épisode qu’elle a traversé sans le maîtriser, vit confortablement, et profite du confort de notre société. Comme nous tous. Mais pour en faire quoi ???

Toutes ces questions sont récurrentes dans toutes les pensées politiques. Mais la façon dont elles sont traitées et amenées est réellement amusante et agréable.

Indéniablement un auteur à découvrir.

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