La fille du Cannibale

samedi 23 juillet 2016
par  Sylvain
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Cela faisait 9 ans que nous visions ensemble et 5 ans que nous nous ennuyons copieusement l’un avec l’autre quand nous avons eu l’idée de nous marier et de voyager. C’est à l’occasion de ce premier voyage que Ramon a disparu. A l’aéroport, il est entré dans les toilettes, et a disparu. J’ai couru partout, paniqué, expliqué, rien n’y a fait, l’avion est parti sans nous, Ramon n’était nulle part, et moi, je suis rentré chez nous.

Au début, c’est l’absence qui est le plus terrible. Pas le manque, Ramon ne me manquait plus depuis longtemps, mais le confort de son ventre mou et chaud, le côté rassurant de son odeur dans le lit, le côté pratique des orgasmes du vendredi. Les amis appelaient pour prendre des nouvelles, de mon côté, j’appelai la police pour savoir ou en était la recherche de Ramon. Aucune nouvelle jusqu’à l’appel de ses ravisseurs pour demander une rançon. 200 millions de pesetas, dont je n’avais pas les premiers centimes, mes seuls revenus étant uniquement les droits d’auteur que je touchais pour mes livrespour enfant, qui ne se vendaient plus si bien que ça.

Assez vite, ce fût un de mes voisins, charmant vieux monsieur de 80 ans, qui vint à ma rescousse. Puis les hasards des rencontres firent qu’un jeune homme 20 ans plus jeune que moi se joignit à nous. On n’était pas de trop à trois pour mener l’enquête à la place de la police, et découvrir qui était réellement Ramon.

Surtout que la sagesse d’un vieil anarchiste et le charme d’un jeune homme sont de sacrés atouts, pour vivre mieux.


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samedi 23 juillet 2016 à 14h07 - par  Sylvain

J’avais beaucoup aimé Les larmes sous la pluie, et sur le conseil de Roso, j’ai demandé quelques autres opus à la bibliothèque d’Esquelbecq.

Et bien, le moins que je puisse dire, c’est que je n’ai pas été déçu.

Ici, il s’agit d’un roman non pas initiatique, mais de bilan de mi-vie. Une jeune quadragénaire se trouve confrontée à elle-même et ses mensonges, et trois autres personnages tutélaires, l’un, le jeune homme, pour la folie de la jeunesse, l’autre, le vieil anar, pour la sagesse de l’âge et du libertarisme, et enfin la juge, femme intègre et féconde, archétype d’intégration sociale idéale, au sens d’une perfection monastique inatteignable mais enviable (de loin).

En contrepoint de ces attirances, les personnages repoussoir du mari et de ses complices, y compris le policier, représentation de la corruption des esprits et des corps, de la mollesse, de l’argent facile et de ses implications en terme d’éthique. Pas forcément la mal absolu, mais plutôt le côté gris de la force, celui ou l’on vit dans une réalité clinquante plutôt que dans un rêve doré.

Aucun personnage c’est exempt de défaut, aucun n’est totalement repoussant ou attirant, et c’est bien le côté passionnant de la quarantaine, il va falloir affirmer des choix, parce qu’après, c’est tard. Voire trop tard, comme pour Ramon dont l’enlèvement est la parabole d’un départ vers un côté moins beau de la vie.

Tout cela pourrait être rébarbatif, pénible et sentencieux.

Et bien non, c’est jubilatoire, ça se lit facilement, c’est très bien traduit.

A conseiller pour l’été, sans modération. De mon côté, je continue avec les autres de la même auteur.

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