l’Insomnie des étoiles

samedi 16 mars 2013
par  jackie
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Fin de la guerre 39-45, le capitaine Louyre et sa compagnie sont chargés d’administrer une province allemande retirée. Dans une ferme isolée, ils trouvent une jeune fille prostrée qui vit là, seule, et un corps calciné au fond d’une remise. La jeune fille est mise aux arrêts dans leurs quartiers, autant pour sa protection que pour l’interroger. N’ayant aucune directive précise sur l’étendue de ses pouvoirs, le capitaine Louyre décide de mener l’enquête contre l’avis de tous : à quoi bon enquêter sur un meurtre isolé alors que les morts se comptent par millier en en ces temps de guerre ?

Il découvre un hôpital psychiatrique en parfait état complètement vidé et inutilisé en ces temps où les blessés sont légion. Son directeur a été mis à la retraite précocement. Le maire et le curé interrogés expriment une certaine gêne. Le capitaine découvre des éléments dans la correspondance du père de la jeune fille qui est au front. Quand le directeur finit par être retrouvé, le capitaine décide de le faire parler coûte que coûte. Il finit par se mettre à table, à déballer un pan de l’histoire nazi d’avant-guerre, l’eugénisme, l’euthanasie...


Commentaires

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lundi 25 mars 2013 à 00h01 - par  jackie

Je vais me répéter mais je suis particulièrement sensible à l’écriture de cet auteur, à la fois sobre et percutante. Voilà je le dis à chaque commentaire, c’est fait.

Il est question ici d’eugénisme, mais plus généralement de la noirceur de l’humanité, sujet qui semble fasciner cet auteur. Il s’agit de monstruosité, comme dans « Avenue des Géants », « La malédiction d’Edgard », « la chambre des officier » de monstruosité morale ou physique. Ici le narrateur semble se faire porte parole de l’auteur, de son pessimisme sur l’humanité. Le Capitaine Louyre est un homme d’une grande intelligence, d’une grande perspicacité, il a beaucoup de recul et se fait peu d’ illusions sur les hommes, sur la justice, il ne cherche pas à juger, ni à punir, juste à comprendre.

Au travers de l’interrogatoire du directeur de l’hôpital, peut-être cherche-t-il quand même à lui faire comprendre l’horreur de son action. Il l’amène à dérouler toute l’histoire, depuis les théories auxquelles il a adhérées avec une certaines exaltation, jusqu’à leur mise en exécution. C’est d’autant plus effrayant que ces ordres venaient d’une simple circulaire, c’est-à-dire qu’il n’a pas fallu les pousser beaucoup tous ces médecins et autres exécutants pour adhérer puis exécuter. On se rend compte de la puissance de l’auto suggestion et de la manipulation de l’idéologie nazie.

Le seul élément qui donne à espérer c’est d’apprendre que le Directeur de l’hôpital s’est suicidé. Là on se dit que peut-être, grâce à cet interrogatoire qui a agit comme une sorte de psychothérapie, il a fini par ouvrir les yeux.