Battements d’ailes

samedi 16 février 2013
par  Sylvain
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Madame habite une propriété en Sardaigne, sur la côte, très convoitée par les promoteurs. Mais Madame ne veut pas vendre. Elle tient plus que tout à son coin de paradis sauvage.

Pourtant, Madame est pauvre, elle fabrique ses habits avec des vielles nappes et couvertures. Elle a quelques amants, qui viennent la voir à défaut d’autres conquêtes. Il y a aussi le blessé, qui vient passer sa convalescence à la pension de Madame, et à qui elle procure ses meilleurs soins, et qu’elle laisse partir sans payer, et même en lui remplissant sa voiture de victuailles.

Pour tout dire, Madame est un peu trop bonne. C’est ce qu’essaie de lui faire comprendre Grand père qui est très lucide. Mais, en fait, quand elle essaie d’ouvrir les yeux sur la réalité des ses relations avec les hommes, la vie à tout à coup un goût d’épouvante. Alors elle préfère s’enfermer dans ses rites magiques et ses espérances.

Autour d’elle vivent deux familles, une gamine de 14 ans, ses 2 soeurs, sa mère et son grand-père, qui ont atterris là à cause des dettes de jeux du père. Et puis il y a les voisins, une famille très catholique, avec beaucoup d’enfants, et la grand-mère, du genre à distiller leur morale et bons conseils. Mais bon, finalement tout ce petit monde-là, échoué sur cette cote sauvage sarde vit dans un certain équilibre, malgré tout assez solidaire.


Commentaires

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samedi 16 février 2013 à 23h50 - par  jackie

Le procédé narratif utilisé n’est pas innovant mais se prête bien au propos de ce roman. La narratrice est le fille de 14 ans, qui habite à côté et dont le père a disparu à cause de ses dettes de jeux. Cette narratrice fait partie de la scène, mais on ne sait pas grand chose sur elle, si ce n’est qu’elle va au collège et qu’elle voit dans le vent qui soulève ses draps la présence de son père. Donc, on a à faire à un procédé narratif naïf, les événements sont racontés tels qu’on veut bien les rapporter à une fille de 14 ans , mais aussi tels qu’elles les observent parfois à l’insu des adultes. Cette fausse naïveté permet de révéler les triste réalité en l’enrobant de beaucoup de poésie.

Dans ce petit monde, on retrouve toutes les composantes de la société. Madame, une femme fragile, déconsidérée dans son enfance, et qui se laisse de ce fait "entuber" dans tous les sens du termes, mais qui préfère se cacher les yeux pour mieux vivre dans ses espérances. Il y a les voisins catho, qui vivent pétris de leurs convictions et qui donnent des leçons à tout va, malgré un fils jazzman à Paris, qui ébranle leur vie. Il y a le grand père, lucide, perspicace et philosophe. Les amants de Madame, lâches et profiteurs. Les promoteurs, cupides, manipulateurs, violents. Giovanni, le docteur, qui va aimer Madame pour de vrai.

D’une certaine façon, chacun poursuit par sa quête du bonheur, d’autres pensent qu’il est derrière eux, d’autres qu’il est acquis, et d’autres, comme Madame, qu’il n’est pas fait pour eux, et que même quand il est à portée de main, parfois c’est encore plus dur de le garder, tellement on est convaincu qu’il n’est pas fait pour nous.

En tout cas c’est un très joli livre, plein de poésie, et en plus qui finit bien. Il fait du bien.

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